20241023 Appui MAG Web V4 - Flipbook - Page 35
HISTOIRES
ALEX ET SA MÈRE
La quête de la résidence idéale
Défis du quotidien et joies partagées
Une fois la décision prise, Alex s’est lancé
Le parcours d’Alex, comme celui d’autres
dans la recherche d’une résidence adaptée
aidants, est jalonné de petits deuils.
aux besoins de sa mère. Ce processus s’est
L’un des plus difficiles est la perte progressive
avéré être un défi en soi. « Il y a plusieurs
de la communication profonde avec sa mère,
sortes de résidences… puis plusieurs bud-
dont la mémoire est de plus en plus affectée.
gets », note Alex.
« Le plus grand deuil, c’est naturellement de
Il a dû naviguer entre ses aspirations pour le
communiquer avec elle sans vraiment com-
confort de sa mère et les réalités financières.
muniquer ça. C’est hyper difficile parce que
« Faut que tu fasses comme ok, il est où mon
j’avais envie d’avoir des conversations avec
ratio entre ce qu’on peut se permettre mais
ma mère, de parler d’affaires qui m’arrivent »,
ce que je veux avoir aussi comme service »,
confie-t-il. « Je peux appeler ma mère le
explique-t-il.
dimanche, on va avoir une bonne conversa-
Finalement, Alex et sa mère ont trouvé
tion. Je l’appelle le mardi. Des fois elle se sou-
la résidence Sainte-Anne à Beauport, un
viendra pas qu’on s’est parlé le dimanche, puis
endroit qui correspondait à leurs besoins et
on peut reparler de la même affaire. Parfois,
à leur budget. « C’est parfait. C’est pas trop
ce n’est pas le cas », explique-t-il.
grand en terme de nombre de résidents. Ça
Cette situation demande patience et compré-
pouvait pas être un meilleur endroit », décrit
hension. Alex a appris à s’adapter : « Je lui
Alex avec satisfaction.
réponds avec la même énergie. Je recommence la même histoire, avec le même
Les montagnes russes émotionnelles
enthousiasme, le même plaisir. »
Un autre deuil significatif concerne les traditions familiales, notamment culinaires.
L’un des aspects les plus difficiles pour Alex
« Ma mère a toujours été une grande cui-
a été de gérer ses propres émotions face à
sinière, le plaisir passait beaucoup par ça :
la situation de sa mère. « Je suis reparti en
donner, partager et transmettre. Ce qui me
pleurant bien trop souvent au départ, trop
rend triste, c’est que moi je ne suis pas très
souvent. Je me revois assis ici dans la rue,
bon cuisinier, mais longtemps je me suis dit
je m’assois dans la voiture, à brailler quinze
qu’il faudrait que ma mère me montre telle
minutes », confie-t-il.
ou telle recette », regrette Alex.
Ce chagrin est commun chez bien des
Malgré les difficultés, Alex trouve encore
proches aidants, qui doivent faire face à la
des moments de joie et de connexion avec
perte progressive de la personne qu’ils ont
sa mère. Il raconte un souvenir touchant :
toujours connue. Alex a dû apprendre à mieux
« On était à table. On mange. C’est le dîner de
apprivoiser ses émotions : « Maintenant je me
Noël. Ça se passe bien. Et là, tout à coup, il y a
dis j’arrive, ça se peut que ce soit bien le fun,
la radio qui joue, puis il y a des chansons de
moyennement le fun, pas le fun du tout, mais
Noël. Ma mère se met à entonner Petit papa
c’est ça. Puis je suis prêt à tout, je prends tout,
Noël. Toute la chanson : une phrase après
j’ai compris des choses ».
l’autre. Elle ne se trompe pas. »
L’APPUI
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