20241023 Appui MAG Web V4 - Flipbook - Page 53
HISTOIRES
LA TRAVERSÉE D’ÉRIK
Les rendez-vous médicaux se sont empi-
Ma sœur et moi, on a fini par prendre la déci-
lés comme des Lego. Fini le temps où mes
sion qui s’imposait : déménager chez eux. On
parents pouvaient se débrouiller seuls. Il fal-
y passait déjà tout notre temps, alors autant y
lait être là, tout le temps. Les accompagner,
rester pour de bon. Mais je vous le dis, ça n’a
les attendre, les ramener. Entre deux clients
rien d’évident.
- je suis conseiller en sécurité financière - je
Mon travail ? En chute libre. Mes loisirs ?
jonglais entre l’hôpital, le médecin, les choses
Quels loisirs ? Le sport, qui était ma seule
du quotidien et la pharmacie.
échappatoire, ça a aussi pris le bord. Même
Et puis sont arrivées les pertes cognitives. Les
ma microbrasserie, que j’ai montée avec
problèmes de comportement. L’inaptitude
tant de passion, je devais la mettre en veil-
croissante à faire une panoplie de choses.
leuse. Le temps, cette denrée si précieuse, je
C’était comme si on me grignotait mes
le compressais comme une éponge pour en
parents, petit bout par petit bout. Chaque
tirer la moindre goutte. Et avec ma fille de
jour apportait son lot de nouveaux défis, de
sept ans à la maison, c’était un vrai numéro
nouvelles adaptations à faire. Le plus inquié-
d’équilibriste. Je passais d’un rôle à l’autre :
tant, c’était de les voir se mettre parfois dans
père, fils, aidant, travailleur. Parfois tout en
des situations dangereuses sans s’en rendre
même temps.
compte. Je me souviens encore du jour où j’ai
C’est là que j’ai découvert l’Association des
trouvé ma mère en train de se baigner dans la
personnes proches aidantes de Bécancour-
piscine des voisins. Elle avait perdu son sens
Nicolet-Yamaska. Je suis rentré là-dedans
de l’orientation.
un peu par hasard, via le CLSC. Et ça a été
comme une bouée de sauvetage en pleine
tempête.
L’APPUI
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