20241023 Appui MAG Web V4 - Flipbook - Page 55
LA TRAVERSÉE D’ÉRIK
C’est fou à quel point on peut se sentir seul
quand on est proche aidant. On a l’impression
d’être le seul à vivre ça, alors qu’en réalité, on
est des milliers. Un Québécois sur trois, qu’ils
disent. Ça fait réfléchir, non ?
Et puis un matin, en traversant le pont
Laviolette, j’ai eu cette idée folle : traverser
le fleuve à la nage. Pour sensibiliser les gens
à la réalité des proches aidants. Pour faire
connaître l’association qui m’avait tant aidé.
Le hic ? Je ne savais pas vraiment nager.
Enfin, je barbotais, quoi. Mais j’ai appris. Je
me suis entraîné comme un forcené. Trois
fois par semaine, je plongeais dans la piscine,
puis dans le fleuve. J’ai engagé un prof pour
m’apprendre la technique. C’était dur, mais
rien comparé à ce que je vivais au quotidien.
L’an dernier, j’ai fait ma première traversée.
45 minutes dans une eau glaciale, avec un
ciel menaçant. C’était épuisant, mais rien
ne pouvait m’arrêter. Quand je suis sorti de
l’eau, j’étais vidé. Mais fier. On avait réussi
à amasser 11 000 $, bien plus que notre
objectif initial.
Cette année, je remets ça. Mais je savais que
je ne serai pas seul. Mon ami Guillaume
sera avec moi. On s’est tout de suite dit : on
va prendre notre temps, profiter de chaque
instant dans l’eau.
Parce que cette traversée, c’est comme être proche
aidant : il faut apprendre à nager avec le courant
pour ne pas se noyer.
Aujourd’hui, la situation a changé. Mon père
est en CHSLD depuis novembre. Ma mère
s’est cassé la hanche en juin, elle va bientôt
le rejoindre. Mon rôle de proche aidant va
diminuer, mais il ne s’arrêtera jamais vraiment. Il y aura toujours des lunettes à réparer,
des bagages à faire, des papiers à remplir.
L’APPUI
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