20241023 Appui MAG Web V4 - Flipbook - Page 91
ON A PARLÉ
INCLUSION
« Cette bande dessinée a été
inspirée par la vie de mon fils,
Axel qui a maintenant 25 ans. »
Je savais qu’un jour, je parlerais de lui mais
lumière combien les enfants perçoivent le
je n’avais pas encore trouvé comment en
handicap de manière beaucoup plus simple
parler. Cela m’a pris presque quinze ans pour
que les adultes.
déterminer le point de vue que je voulais
Je réalise aussi que cet ouvrage est celui que
adopter. La grande question qui m’animait
j’aurais voulu lire lors du diagnostic. Lorsqu’on
était : qui va raconter cette histoire ? Je voulais
a su que Tom avait une paralysie cérébrale, on
un récit plus lumineux, qui dépasse l’annonce
a eu peu d’indications sur l’avenir. Je n’avais pas
du diagnostic. C’est là que j’ai eu l’idée de le
d’exemples, que ce soit dans des témoignages
narrer à travers les yeux de la sœur de Tom,
ou dans la fiction, montrant qu’on avait le droit
Juliette, ce qui a réellement transformé
au bonheur.
l’histoire. Je voulais également mettre en
La réalité a rattrapé la fiction, car aujourd’hui,
public. Mais finalement, ce n’a pas été du tout
cette bande dessinée est utilisée en thérapie et
le cas. L’accueil a été immense ! J’ai reçu une
pour des formations. J’ai souhaité aussi utiliser
quantité incroyable de témoignages venant de
la poésie pour créer un récit plus permissif
partout, pas seulement du Québec, car le livre
avec des thématiques variées, mais je me suis
est distribué en Europe et traduit en plusieurs
surtout inspiré de nombreuses expériences
langues. Beaucoup d’entre eux me disent
personnelles, de témoignages et de réalités
que c’est la première fois qu’ils se sentent
d’autres enfants dans la classe de mon fils.
représentés, ce qui souligne l’importance
Mon objectif était d’élargir le propos au-delà
de la représentation du handicap dans notre
de ma propre expérience. Je voulais dresser un
imaginaire collectif.
portrait complet de la situation, en intégrant
des enjeux qui ne concernent pas directement
« Souvent, le handicap est perçu comme un pro-
mon fils. J’ai également visité des écoles
blème de santé ou un enjeu social, car il manque
spécialisées et des centres de réhabilitation.
une représentation des personnes handicapées
J’ai pris des photos des vrais équipements,
dans toutes les sphères. »
comme des marchettes et des couloirs, afin
que ce soit proche de la réalité.
Pourtant, ces personnes font partie intégrante
Au départ, je pensais que ce livre serait le
de notre société. Il existe des livres qui traitent
plus confidentiel en raison de son sujet. Parler
du handicap, mais peu montrent comment il
de handicap est souvent perçu comme une
s’intègre dans la vie quotidienne.
réalité marginale, qui n’intéresse pas le grand
L’APPUI
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